Lorsque le tailleur Abraham Zapruder décide, le 22 novembre 1963, de filmer le passage du cortège du président John F. Kennedy à Dealey Plaza, à Dallas, il ne se doute pas qu’il réalisera l’un des films les plus étudiés de l’histoire contemporaine. Son enregistrement, devenu emblématique, est depuis des décennies au cœur de multiples théories sur l’identité du tireur.
Le film de Zapruder fut une pièce centrale dans l’enquête visant Lee Harvey Oswald, accusé d’avoir tiré sur Kennedy depuis le sixième étage du Texas School Book Depository. En 1964, la Commission Warren conclut officiellement que le président avait été atteint par des tirs venant de derrière.
Une étude récente, publiée dans la revue Helios, vient renforcer cette conclusion. Son auteur, Nicholas Nalli, chercheur senior chez IMSG, Inc., a élaboré un modèle physique détaillé du comportement de la balle au moment de l’impact afin de déterminer précisément son origine.

Un mouvement de tête révélateur
En analysant image par image le film de Zapruder, Nalli observe que la tête du président bascule vers l’avant au moment précis où le projectile la frappe. Ce mouvement, selon lui, constitue un indice majeur : Kennedy aurait bien été touché par l’arrière.
Pour vérifier cette hypothèse, le chercheur s’appuie sur les nombreuses données connues depuis longtemps : masse et vitesse de la balle, distances, caractéristiques de la caméra, et mesures anatomiques du crâne. En combinant ces informations, il crée un modèle inspiré des processus mécaniques d’un traumatisme par balle.
Son analyse démontre qu’un projectile tiré depuis l’arrière — depuis le bâtiment du Texas School Book Depository — expliquerait parfaitement la formation d’une cavité temporaire dans les tissus mous du président, provoquant la violente projection de sa tête vers l’avant, comme le montre le film.
Le “grassy knoll” mis en doute
Selon Nalli, cette dynamique exclut la possibilité d’un tir venant de l’avant, depuis le célèbre “grassy knoll”. Il affirme également que l’hypothèse d’un second tireur ou l’utilisation de balles expansives (hollow-point) est peu probable : aucun projectile de ce type n’a été retrouvé, et le mouvement observé du corps n’y correspond pas.
« Les réactions du président immédiatement après l’impact sont physiquement compatibles avec une balle militaire Carcano tirée depuis la zone du Texas School Book Depository », écrit Nalli. Pour lui, le seul « pistolet fumant » visible dans le film de Zapruder est la preuve d’un tir venant de l’arrière, en accord avec les conclusions de l’autopsie officielle.
Le débat autour de la “balle magique”
L’étude évoque également la fameuse “théorie de la balle magique”, ce projectile retrouvé presque intact sur une civière de l’hôpital Parkland. La Commission Warren a conclu qu’il s’agissait de la seconde balle, celle ayant traversé Kennedy avant de blesser le gouverneur Connally. Les sceptiques affirment depuis longtemps qu’une balle responsable de tant de dégâts ne pourrait pas être retrouvée dans un tel état.
Malgré ces controverses persistantes, le modèle physique de Nalli cherche à apporter une réponse scientifique à un débat vieux de plus de soixante ans : selon lui, les images du film Zapruder corroborent pleinement la version officielle d’un tir unique provenant de l’arrière.